Le désir d’enfant… Cette étape de la vie d’une femme peut être teintée de tellement d’émotions ! Des étoiles dans les yeux, des papillons dans le ventre, une joie de vivre sans pareille… mais aussi une boule de feu prête à exploser tellement ce désir est intense… Il peut être tellement viscéral qu’il devient comme un bulldozer qui écarte tout sur son passage : c’est moi le plus fort, plus rien ne compte… Seulement, lui ! Ce désir de créer, porter et donner la vie à un petit être.
Il m’arrive souvent d’avoir en rendez-vous des mamans qui me disent « J’ai tellement désiré mon enfant », sous-entendu il est aimé, protégé, choyé plus que tout, je ne comprends pas pourquoi il n’arrive pas à dormir ou pourquoi il fait des crises comme ça !
Mais c’est parfois là que se trouve le nœud du problème.
Quand l'amour immense cache des attentes de géant
Picture this : après des mois (voire des années) de parcours PMA, de fausses couches, d'attente qui n'en finit plus...
ENFIN, bébé arrive ! Le soulagement, la joie, l’excitation, une volonté tellement forte de rendre ce petit être heureux... tout se mélange. Et dans ce tourbillon, une petite voix intérieure murmure : "Je vais tellement l’aimer ! Notre bébé sera le plus heureux ! Après tout ce qu'on a traversé pour l'avoir !"
Tu sens venir le "mais", n'est-ce pas ?
Le syndrome du "petit parfait"
Imagine un instant que tu sois cet enfant. Tu grandis avec cette sensation diffuse (même si personne ne te l'a jamais dit clairement) que tu es arrivé dans des circonstances particulières. Que tes parents ont vraiment, VRAIMENT voulu t'avoir.
Inconsciemment, tu te dis : "Bon, s’ils ont fait tout ça pour moi, je dois être à la hauteur !" Et hop, voilà notre petit bout qui se met une pression d'enfer pour être parfait, répondre aux attentes et surtout ne pas décevoir !
Résultats de cette pression
- Problème de sommeil
- Colère quand il n’arrive pas à faire quelque chose ou sans raison apparente
- Surexistation pour montrer à ses parents qu’il est bien là ou au contraire, enfant sage par excellence !
- Et bien d’autres comportements possibles ! Nos loulous peuvent être très inventifs !
La surprotection : quand trop d'amour étouffe
"Comment reconnaît-on un parent surprotecteur ? Il emballe son enfant dans du papier bulle avant qu'il sorte jouer dehors !" Bon, c'est un peu (même clairement) caricatural ! En fait, c’est même souvent bien plus subtil que ça. Et il n’est pas toujours facile pour une maman de faire la distinction entre « je protège mon enfant, c’est normal » et « je le surprotège, je ne veux surtout pas qu’il pleure, soit triste, souffre… ».
L'hypervigilance : le mode "maman poule" activé
Que tu ais vécu la galère ou pas pour avoir un enfant, quand on désire intensément un enfant, c'est normal d'avoir envie de le protéger comme la prunelle de ses yeux. Le problème, c'est quand cette protection devient... disons, un peu trop envahissante.
Ça ressemble à quoi concrètement ?
- Anticiper TOUS ses besoins
- Être là à chaque étape, chaque respiration, chaque clignement d'œil, chaque début de pleur
- Éviter à tout prix qu'il vive la moindre frustration
- Anticiper tous les dangers éventuels
Le paradoxe de la surprotection
Et là, c'est le paradoxe le plus dingue ! Tu veux protéger ton enfant du danger, mais devine ce que se dit le petit bonhomme quand il voit maman qui le couve comme ça ?
"Waou, si maman fait tout ça pour me protéger, c'est que le monde extérieur doit être SUPER dangereux ! Je suis en danger !"
C'est comme si tu lui disais : "Attention, il y a des monstres partout !" alors que tu veux juste qu'il soit en sécurité.
Voici un histoire vraie : la mienne !
Lorsque ma fille était petite, le coucher était une horreur ! Et c’était de pire en pire ! Il fallait que je reste avec elle dans la chambre jusqu’à ce qu’elle s’endorme (et ça pouvait durer très longtemps !). Et bien sûr, si j’étais sortie et que son père faisait le coucher, aucun problème. J’ai réalisé que souvent je disais « mais tu te rends compte, nous, adultes, on dort à deux et elle, qui est toute petite, qui a besoin de notre présence, doit dormir toute seule dans sa chambre ! ». Comment pouvait-elle dormir sereinement si moi-même je n’étais pas sereine de la laisser seule. Elle avait capté le message : "Le dodo, c'est dangereux puisque maman a peur de me laisser seule."
Le double effet kiscool : la culpabilité
Qu’est-ce qui se passe quand tu cherches à protéger ton enfant et que tu n’y arrives pas ? – parce que concrètement, ce n’est pas possible – Quand le coucher est chaotique, quand tu le sens en prise à des émotions qu’il n’arrive pas à gérer, quand les séparations, les changements semblent le dévaster…
Tu culpabilises ! Et oui !
Et devine ce qui arrive quand on se sent coupable ? On compense ! On devient ultra-indulgente, on dit oui à tout, on se surinvestit... encore plus ! Et c’est le serpent qui se mort la queue !
Les mandats de conception : Mission Impossible !
« Votre mission, si vous l’acceptez, consistera à combler les demandes de vos parents. Cette bande s’autodétruira dans 5 secondes. Bonne chance ! »
Nous y voilà ! Les mandats de conception ! Ce sont comme des missions secrètes qu'on donne à nos enfants, consciemment ou pas, qu’ils soient nés ou pas. On leur demande de faire quelque chose pour nous. Quelques exemples.
"Mon enfant donnera un sens à ma vie"
C'est un mandat très fréquent. Tu sais, cette idée que l'enfant va combler un vide, donner une direction, une raison d'être...
Imagine la pression pour le petit ! C'est comme si on lui disait : "Salut toi ! Au fait, tu es responsable du bonheur de maman et papa, mais No pressure !"
Une cliente m’a dit un jour « Wouah, je réalise que j'attendais de ma fille qu'elle remplisse le trou béant que j'avais en moi depuis mon enfance ».
"Mon enfant réalisera mes rêves"
Ah, celui-là aussi, il est costaud ! "Mon fils sera musicien comme j'aurais voulu l'être", "Ma fille fera médecine puisque j'ai raté mes études"... Mon enfant fera tout ce que je n’ai pas pu réaliser.
C'est comme si on donnait à l'enfant nos bagages non défaits en lui disant : "Tiens, occupe-toi de ça pour moi !"
"Cet enfant réparera mes blessures"
C’est quand on attend de notre enfant qu'il guérisse nos propres blessures d'enfance. Qu'il nous donne l'amour qu'on n'a pas eu, qu'il nous prouve qu'on est digne d'être aimé...
C'est comme demander à un enfant de 3 ans de réparer une voiture cassée. Il a envie d'aider, parce qu’il ressent ton besoin, mais ce n’est pas vraiment son job !
Comment transformer tout ça ?
Bon, maintenant qu'on a fait le tour des "pièges" (sans jugement, hein, on fait tous ça et ça fait aussi parti de notre chemin et de celui de notre enfant !), voyons comment on peut transformer tout ça.
Jouer les détectives avec soi-même
Première étape : enquête ! Comme Sherlock Holmes, mais en version parent. Il s'agit de débusquer nos petites (ou grandes) attentes cachées.
Questions à se poser :
- Qu'est-ce que j'attends vraiment de mon enfant ?
- Quels sont mes rêves pour lui... et lesquels sont en fait MES rêves à moi ?
- De quoi ai-je peur exactement ?
L'amour inconditionnel (le vrai !)
Tu connais la différence entre l’amour et l’attachement ? C'est un peu comme la différence entre tenir la main de quelqu'un ou lui mettre des menottes...
L'amour, c'est cette énergie libre qui dit : "Je t'aime pour ce que tu es, je veux ton bonheur, même si ça implique que tu partes ou que tu choisisses un chemin différent du mien." C'est comme un oiseau qui chante - il donne sans rien attendre en retour.
L'attachement, lui, est plus possessif. Il murmure : "J'ai besoin de toi pour me sentir bien, reste près de moi, ne change pas." C'est l'amour avec une petite dose de peur mélangée - peur de perdre, peur d'être abandonné…
Concrètement ? L'amour encourage ton enfant à voler de ses propres ailes. L'attachement lui coupe les ailes "pour le protéger". L'amour dit "Je suis fier de qui tu deviens", l'attachement dit "J'ai besoin que tu restes mon petit bébé".
En gros, l'amour libère, l'attachement retient.
Et j’aime beaucoup cette phrase (et ce livre pour enfant d’ailleurs – Mon amour : Une histoire d’Archibald – Astrid Desbordes) qui illustre parfaitement l’amour et l’attachement : « Je t’aime parce que tu es mon enfant, mais que tu ne seras jamais à moi ».
Lâcher la bride : vive l'autonomie !
Je sais, ça fait peur ! Laisser son enfant tomber de vélo, se tromper, être déçu...
Mais voilà le truc : chaque petite chute, chaque petite déception, c'est comme un muscle qui se renforce. Ça lui apprend qu'il peut surmonter les difficultés. Et il sera davantage outillé pour sa vie.
Par exemple, au lieu de dire "Attention, tu vas tomber !" (prophétie auto-réalisatrice), essaie "Tu apprends à faire du vélo. Je suis là si tu as besoin." Notre rôle est d’être là, à ses côtés, tout en sachant lui lâcher la main.
Faire le ménage dans ses propres placards
Tu sais ces vieux cartons qu'on stocke au grenier et qu'on n'ouvre jamais ? Nos blessures non guéries, nos rêves non réalisés, nos peurs... c'est pareil !
Parfois, il faut faire le grand ménage. Ça peut passer par de la thérapie, de la kinésiologie (coucou ! ), ou simplement par une introspection honnête.
Si ton enfant montre un inconfort, il est peut être juste en train de te dire « je sens que quelque chose n’est pas en paix chez toi, maman et cela me dérange, alors pour toi, pour moi, va voir et guérir cette blessure ».
Voir son enfant comme un cadeau... pas comme un sauveur
Ton enfant, c'est un cadeau magnifique que la vie t'a fait. Mais ce n'est pas un super-héros chargé de sauver ta vie ! C'est un petit être en devenir, avec ses propres rêves, ses propres défis, son propre chemin.
On demande simplement à un enfant d’être… un enfant ! c’est-à-dire de manger, dormir, apprendre, jouer, rigoler, apprendre… de grandir quoi ! Et de s’outiller petit à petit pour avancer dans sa vie, sur la voie qu’il aura choisi.
S’interroger et vouloir bien faire, c’est déjà parfait !
Désirer profondément un enfant, c'est l'une des plus belles et puissantes choses au monde. Mais comme tout ce qui est puissant, ça peut parfois déborder. Un peu comme un fleuve qui sort de son lit : c'est beau, c'est fort, mais ça peut faire des dégâts.
Ce débordement, c’est un extrême et tout extrême crée des déséquilibres. Trop désirer un enfant n’est pas forcément mieux que de ne pas désirer un enfant du tout.
Quoi qu’il arrive, si tu t’es reconnue dans cet article, dis toi que tu n’as pas fait d’erreur ! Ces attentes, cette surprotection font partie de ton parcours et celui de ton enfant. Etre parent parfait, ça n'existe pas. Et ce sont bien nos imperfections qui nous permettent d’avancer, d’évoluer, d’apprendre. Être un parent qui s'interroge et qui veut bien faire... ça, c'est déjà parfait !
Si ton enfant rencontre des difficultés, nous pouvons nous rencontrer pour identifier s’il vit trop de pression d’avoir été tellement désiré. Et bien sûr, nous pouvons travailler ensemble pour comprendre chez toi, l’origine de ce désir extrême et de ses conséquences pour les libérer et apaiser, indirectement, ton enfant.