Crier sur ses enfants : Comment briser le cycle de la colère et de la culpabilité
Crier de temps en temps, ça nous arrive toutes… Mais lorsque cela devient récurrent, voire carrément un mode de communication, c’est épuisant, cela crée une ambiance tendue à la maison et bonjour la culpabilité !
Parfois, tu la sens monter cette colère… tu aimerais l’apaiser, mais c’est comme si « quelque chose » de plus fort que toi prenait le volant et tu exploses.
Si tu te reconnais dans ces mots, sache que tu n'es pas seule. Beaucoup de parents luttent avec ces émotions complexes, coincés entre la colère explosive et la culpabilité écrasante. Cet article est là pour t'aider à découvrir ce qui se cache sous ce « quelque chose », à comprendre d'où viennent ces réactions, et surtout, comment les transformer pour cultiver une relation plus sereine et bienveillante avec tes enfants.
Il n’est nullement question ici de laxisme dans l’éducation de ses enfants. Les enfants ont besoin de limites, de repères pour se sentir sécures et s’épanouir. Il s’agit de la manière de mettre en place ce cadre dans la bienveillance et le respect de chacun.
Comprendre la colère : d'où vient-elle vraiment ?
La colère : une émotion naturelle et nécessaire
La colère est souvent perçue comme une émotion négative, surtout quand elle s'exprime par des cris, voire de la violence. Pourtant, elle est une réaction naturelle face à une frustration, un sentiment d'impuissance ou une injustice perçue. C'est une émotion qui signale qu'une limite a été franchie, que quelque chose ne va pas.
La colère peut aussi être un moteur. C’est l’énergie du Feu. Elle pousse à agir, à se mettre en action.
Il est crucial de comprendre que la colère n'est pas mauvaise en soi (comme toute émotion). Ce qui pose problème, c'est la manière dont elle est exprimée et sa non-régulation. Lorsque la colère n'est pas gérée, elle peut exploser et blesser ceux que l'on aime le plus. Et cela inclut nos enfants.
Les déclencheurs de la colère parentale
Les cris ne surgissent pas de nulle part. Ils arrivent quand quelque chose ne se passe pas comme tu le voudrais : ton enfant ne fait pas ce que tu lui demandes, la maison ressemble à Beyrouth, ton enfant a cassé un objet auquel tu étais très attaché, tes enfants se chamaillent, tu n’arrives pas à faire quelque chose, tu es fatiguée et on te sollicite en permanence, etc.
Les déclencheurs ne sont pas les causes
Le déclencheur, c’est donc l’événement, le comportement qui va activer ta colère. Mais ce n’est pas la cause.
Il existe plusieurs niveaux de causes :
- Les causes « de surface » : la colère peut être le résultat d'une accumulation de stress, de fatigue, ou de frustrations non exprimées. Peut-être que tu as eu une journée difficile au travail, que tu te sens dépassée par les responsabilités, ou que tu n'as pas eu assez de temps pour toi, que tu as frôlé un accident sur la route, etc. Ces sentiments se traduisent souvent par de l'irritabilité, qui peut vite se transformer en colère.
- Les causes « profondes » : des blessures émotionnelles non guéries, issues de ton propre passé, de tes mémoires transgénérationnelles ou karmiques se réactivent par le comportement de tes enfants (le déclencheur).
Par exemple : ton enfant te parle mal et tu t’énerves. Le déclencheur, c’est la façon dont ton enfant te parle que tu estimes incorrecte (d’ailleurs, attention, le déclencheur n’est pas ton enfant, c’est son comportement). La cause peut être un sentiment d’impuissance, la honte de penser que tu as échoué dans l’éducation de tes enfants, les paroles de ton enfant qui te blessent… et tout cela peut venir d’une blessure non guérie de ton enfance, de ton adolescence, d’un ancêtre ou de ton âme.
Les déclencheurs et causes « de surface » sont assez faciles à identifier, en général. Pour découvrir les causes profondes, l’aide d’un thérapeute est souvent nécessaire.
Le rôle des croyances limitantes
Nos croyances limitantes font partie des causes profondes et sont issues de notre passé et nos différentes mémoires. Elles peuvent nourrir nos réactions de colère. Peut-être penses-tu, inconsciemment, que tu dois être parfaite en tant que parent, ou que tu dois contrôler chaque situation. Peut-être as-tu intégré qu’une « bonne mère de famille doit tenir sa maison » et ne pas te sentir à la hauteur de tes parents ou tes ancêtres qui t’ont transmis cette croyance.
Ces attentes irréalistes (et qui ne t’appartiennent pas toujours comme on l’a vu) génèrent de la pression, et quand les choses ne se passent pas comme prévu, la colère prend le dessus.
Ces croyances peuvent également provenir de modèles parentaux que tu as observés durant ton enfance. Si tu as grandi dans un foyer où crier était une norme, tu pourrais avoir intériorisé cette façon de réagir, même si elle ne correspond pas à ce que tu veux pour tes propres enfants.

GRATUIT - Défi 5 jours : 10 minutes par jour pour alléger sa charge mentale en profondeur
La charge mentale est bien l'une des causes de cris et de la colère à la maison. Quand la coupe est pleine, la moindre goutte d'eau fait déborder le vase.
Alors pour alléger tout ça, je te propose un petit défi : "Défi 5 jours - 10 minutes par jour pour alléger sa charge mentale en profondeur". Ces 5 jours t'apportera des éléments de compréhension sur ta charge mentale et des micro-pratiques pour ancrer les changements dans ton quotidien (en seulement 10 min par jour, histoire de ne pas alourdi ton esprit !)
Les conséquences des cris sur tes enfants et sur toi
Il n’est nullement question ici de te culpabiliser. Simplement de mettre en conscience ce qui se joue. N’oublie pas que maman et enfant sont une équipe, vous êtes des partenaires, vous vous êtes choisis pour expérimenter, grandir et évoluer ensemble. Il n’y a pas de bourreau, ni de victime. C’est en prenant conscience des dysfonctionnements que l’on peut s’attacher à y remédier.
L'impact émotionnel sur l'enfant
Les cris peuvent susciter chez ton enfant des sentiments de peur, d'insécurité et d'incompréhension. Ils peuvent également altérer son image de soi, en lui faisant croire qu'il est "méchant" ou "pas assez bien", simplement parce qu'il a fait une erreur, n'a pas respecté une consigne et est un peu trop excité.
Les enfants ne comprennent pas toujours la raison de la colère de leurs parents. Ils peuvent se sentir responsables de cette colère, même si elle est en réalité liée à d'autres facteurs. Cela peut créer un sentiment de culpabilité chez l'enfant, le poussant à intérioriser la colère ou à la reproduire dans ses propres interactions avec les adultes ou les autres enfants.
André Charbonnier, dans son livre Festen 2.0, explique que dans l’inconscient collectif « maman = amour » et « papa = sécurité ». Si à un moment donné, « maman n’égal pas amour » ou « papa n’égal pas sécurité », c’est inconcevable pour l’enfant qui va penser qu’il est responsable de la réaction de ses parents. Il va se créer des mensonges, des croyances pour justifier le comportement de ses parents, du genre « si maman a crié, c’est que c’est de ma faute, je ne suis pas assez bien, je ne mérite pas son amour, etc. ».
« Un enfant blessé dans son intégrité ne cesse pas d'aimer ses parents. Il cesse de s'aimer lui-même. »
Jesper Juul
La culpabilité parentale : un cercle vicieux
Après avoir crié, il est courant de ressentir une immense culpabilité. Tu te dis peut-être : "Je ne suis pas une bonne mère" ou "J'ai encore échoué" ou « je n’y arrive pas ». Cette culpabilité peut engendrer d’autres comportements, par ricochet. Par exemple, te pousser à être plus permissive après une crise de colère, pour compenser ; ou te dévaloriser ; ou renforcer encore davantage cette recherche de perfection… ce qui ne fait qu'alimenter le cycle de la colère et de la culpabilité.
La culpabilité ne doit pas être une raison de t'enfoncer dans la souffrance. Sache que la plupart de nos culpabilités ne sont pas basées sur des fautes réelles, donc elles n'ont pas lieu d'être.
Se sentir prise au piège de son mécanisme
Il y a des moments où la colère semble surgir de nulle part, te laissant l'impression d'être prise au piège d'un mécanisme incontrôlable. Parfois, elle est là et pourtant au fond tu sais qu’elle est disproportionnée et qu’elle ne devrait pas exploser. C'est comme si une force invisible prenait le contrôle, t'entraînant dans une spirale de cris et de frustration. Dans ces instants, tu te sens presque manipulée par tes propres émotions, impuissante face à cette réaction qui te dépasse. Cette sensation de perte de contrôle est terrifiante, car elle te fait croire que, malgré tous tes efforts, tu es condamnée à répéter ces mêmes schémas. Et avec cette impuissance vient une culpabilité écrasante, comme si tu étais prisonnière d'un cycle que tu ne parviens pas à briser, malgré tout ton amour pour tes enfants et ton désir de bien faire.
Briser le cycle : vers une parentalité plus consciente et apaisée
Prendre conscience de ses déclencheurs
La première étape pour briser le cycle de la colère et de la culpabilité est de prendre conscience de ce qui déclenche ta colère. Quelles sont les situations qui te mettent hors de toi ? Quels sont les moments de la journée où tu te sens le plus stressée ? Y a-t-il des comportements spécifiques de tes enfants qui te font réagir de manière disproportionnée ?
Il peut être utile de tenir un journal pour identifier les déclencheurs récurrents. Note les moments où tu as crié, ce qui s'est passé juste avant, et comment tu te sentais à ce moment-là. Cela t'aidera à prendre du recul et à mieux comprendre tes réactions.
Apprendre à gérer ses émotions
Par rapport aux déclencheurs, tu peux travailler sur la gestion de tes émotions pour réguler tes réactions. Cela peut passer par des techniques de relaxation, comme la respiration profonde, la méditation, la cohérence cardiaque pour baisser ton stress, ou tout simplement t’astreindre à compter dans ta tête quelques secondes avant de réagir. Ces méthodes peuvent t'aider à te recentrer et à réagir de manière plus calme et réfléchie face aux situations stressantes.
Il est aussi important de reconnaître tes émotions, sans les juger. La colère, la frustration, la peur sont des signaux que quelque chose ne va pas. En les accueillant, plutôt qu'en les réprimant ou en les laissant exploser, tu peux commencer à les gérer de manière plus constructive.
Transformer la colère en communication positive
Au lieu de crier, apprends à exprimer tes émotions de manière plus constructive. Cela signifie dire clairement ce que tu ressens et ce dont tu as besoin, sans accuser ou blâmer. Par exemple, au lieu de dire "Tu ne m'écoutes jamais !", tu pourrais dire "Je me sens frustrée quand tu ne m'écoutes pas, j'ai besoin que tu prêtes attention à ce que je dis." Cette approche aide non seulement à calmer la situation, mais aussi à enseigner à tes enfants comment exprimer leurs propres émotions de manière saine. Inspire-toi de la communication non violente (CNV).
Parle-leur de tes émotions et aide-les à identifier les leurs. Cela peut inclure des discussions sur les émotions à des moments calmes, où vous pouvez explorer ensemble ce que vous ressentez et pourquoi. Plus tes enfants comprendront les émotions, moins ils seront effrayés ou confus par les tiennes.
Créer des moments de reconnexion
Les moments de reconnexion sont essentiels pour renforcer la relation avec tes enfants, surtout après un conflit ou un épisode de colère. Et l’une des clés est de s’excuser. Et oui, s’excuser quand tu estimes que ton comportement a dépassé les limites n’est pas un signe de faiblesse. C’est leur montrer que tu les respectes, que tu es humaine avec tes qualités et tes défauts, que tu fais des erreurs comme tout le monde. C’est leur montrer qu’ils peuvent aussi faire des erreurs et que ça se répare. C’est ouvrir une porte vers eux, pour rétablir le lien après une dispute, mais aussi de prévenir les futurs conflits en maintenant une relation de confiance et de compréhension mutuelle.
Se pardonner et avancer
Il est essentiel de se pardonner. La culpabilité peut être un obstacle important dans le processus de changement. Si tu continues à te reprocher tes erreurs, tu risques de rester bloquée dans le cycle de la colère et de la culpabilité.
Apprends à te pardonner et à voir chaque jour comme une nouvelle opportunité de faire mieux, d’apprendre, d’évoluer. Accepte que tu n'es pas parfaite et que tu fais de ton mieux avec les ressources que tu as.
Travailler les causes profondes
Enfin, si tu veux briser durablement le cycle de la colère et de la culpabilité, il est essentiel de travailler sur les causes profondes.
Prendre soin de soi pour mieux prendre soin de ses enfants
L'importance de l'autosoin
Pour briser le cycle de la colère, il est crucial de prendre soin de toi. Quand tu es épuisée, stressée, ou en manque de sommeil, tes réactions émotionnelles sont exacerbées. Prendre du temps pour toi, même si ce n'est que quelques minutes par jour, peut faire une énorme différence dans ta capacité à gérer le stress et les défis quotidiens.
Cela peut inclure des activités comme la méditation, la lecture, l'exercice, une promenade. Et si ton plaisir c’est de te mettre sur le canapé en regardant ta série sur Netflix, c’est ok. Le but est de recharger tes batteries, de te recentrer et juste te faire du bien.
Tu ne les délaisses pas en prenant soin de toi, au contraire, tu seras davantage présente pour eux (une vraie présence).
Développer une communauté de soutien
Avoir une communauté de soutien est également important. Parler avec d'autres parents qui traversent les mêmes défis peut être réconfortant. Cela te rappelle que tu n'es pas seule dans ce parcours. Les groupes de soutien, les groupes en ligne, ou simplement discuter avec des amis proches peuvent t'apporter des perspectives nouvelles et du soutien émotionnel.
Parfois, parler à un professionnel peut t'aider à comprendre et à gérer les émotions qui te poussent à crier.
Fixer des limites et demander de l'aide
Apprendre à fixer des limites est essentiel pour éviter de se sentir débordée. C’est reconnaître ce qui est juste pour toi et ce qui ne l’est pas. Cela peut inclure dire non à des engagements qui te fatiguent ou déléguer certaines tâches. Savoir quand demander de l'aide est aussi un signe de force, pas de faiblesse.
Pour aller plus loin, découvre mon article « comment se libérer de la charge mentale ».
Si tu as un(e) partenaire de vie, assure-toi qu’il/elle comprend ton besoin de soutien et peut prendre le relais quand nécessaire. Une répartition équilibrée des tâches parentales et domestiques peut grandement réduire le stress et les frustrations qui mènent à la colère.
En conclusion
Crier sur ses enfants est une expérience que beaucoup de parents partagent, mais cela ne doit pas être une fatalité. En prenant conscience de tes déclencheurs, des causes, en apprenant à gérer tes émotions, et en travaillant sur la communication et la reconnexion avec tes enfants, tu peux briser ce cycle de colère et de culpabilité.
Cela demande du temps, de la patience, et beaucoup de bienveillance envers toi-même. Mais chaque petit pas que tu fais vers une parentalité plus sereine est une victoire, non seulement pour toi, mais aussi pour tes enfants. Tu leur montres que les émotions, même les plus difficiles, peuvent être gérées de manière saine et constructive.
Tu n'es pas seule sur ce chemin, et chaque jour est une nouvelle opportunité d’apprendre. C'est un voyage de transformation, à la fois pour toi et pour tes enfants, vers une vie plus apaisée et épanouissante.